Vannier Gilles

Clin d'œil à travers l'objectif

Rêveries automnales.

Il nous arrive parfois de vivre des moments où le réel est sublimé par la magie de l’instant présent.

L’automne y est propice.

La nuit tombe. Les dernières couleurs du jour tirent leur révérence dans un festival coloré où se mêlent harmonieusement tons roses et tons violets. La lune, paisible et bienveillante, s’est lovée dans son bel écrin de ciel. Plus rien ne peut masquer son visage lumineux. Il y transparaît même le bonheur. Le bonheur de jouer avec le brouillard naissant qui cotonne la campagne. Je sais qu’il sera bientôt l’heure. L’heure d’un rendez-vous d’exception.

Je me tais, me tapis sous le noisetier, mon compagnon de ces soirs où la nature est amoureuse. Je sais qu’elles seront bientôt là, comme à l’habitude lorsque toutes les conditions sont favorables à leur venue. Mon cœur bat fort, trop fort même. Je retiens mon souffle car je pressens l’imminence de l’instant. Mes yeux s’écarquillent. Ils sont maintenant bien habitués à la lumière nocturne.

Ca y est, je les vois, elles arrivent ! En voici une, puis deux, puis trois, dix, cent et plus encore à présent. Par dessous les feuilles roussies, du dessus des brins d’herbe courbés, se laissant glisser sur les chapeaux rebondis des champignons qui leur servent, à l’occasion, d’habitation, les Elfes bienfaisantes sont là, merveilleuses. Elles courent, sautent, virevoltent, dansent. La brume rasante les accompagne en tourbillonnant dans leur sillon aérien. Chacune d’elles respire la grâce, la beauté. Leur teint diaphane m’éblouit par tant de douceur. Tout est magique. La campagne est comme étoilée par ces fragiles lucioles. Même que le ciel en est jaloux !

Rien n’y paraît, mais pourtant, toutes sont à l’œuvre. Elles peignent, tissent leur toile d’ange, transforment chaque goutte de rosée en un diamant si pur que la lune ose s’y mirer. Les arbres chantent, se courbent à leur passage. Leurs feuilles se parent alors de mille et une couleurs. Tout doit être terminé demain à l’aube, pour accueillir le jour nouveau. Un pointe de givre sera la touche finale, comme pour magnifier encore un peu plus le superbe, l’inimaginable, l’irréalisable.

Mais le temps passe vite, trop vite même. Tant le bonheur est intense, j’ai l’impression que tout cela ne fait que commencer. Pourtant, les premières pâleurs qui montent à l’horizon sont le signal. L’espace d’un souffle, tout ce joyeux monde a disparu, me laissant seul à contempler si beau tableau. Avec le jour naissant, tout est divin. Mes sens se gorgent de ce spectacle saisissant. Jamais le plus doué des artistes ne pourra rivaliser à reproduire tant de beauté.

Alors, si vous le voulez bien, je vous invite à me suivre dans mon jardin, vous y serez mon hôte tant qu’il vous plaira d’y rester. Je vais essayer, sans prétention aucune, de vous faire partager la délicatesse du cadeau si gentiment offert par ces joyeuses fées.